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Etat des lieux : le patrimoine syrien endommagé

Sur cette carte, 65 points rouges pour situer autant de monuments syriens détruits. Certains l'ont été par l'Etat islamique, d'autres par le régime syrien de Bachar al-Assad, d'autres encore par les opposants au régime ou bien encore par les rebelles kurdes.

 

Ces 65 points rouges, ce sont les monuments que nous avons réussi à rassembler en épluchant plusieurs sources. La presse d'abord, qui a relayé les dernières destructions, les derniers dommages faits à des monuments syriens. Le temple de Bêl, la Citadelle d'Alep...  La base de données du Centre du patrimoine mondial de l'UNESCO ensuite, que nous avons largement utilisée pour notre investigation. Et les images satellites, enfin. En nous appuyant sur elles, nous n'avons localisé que des sites dont la destruction complète ou partielle a été confirmée. (Toutes nos bases de données ici.)

 

Ces images, nous avons pu y accéder grâce au programme satellitaire de l'UNOSAT - Programme Opérationnel des Nations Unies pour les Applications Satellitaires créé par l'UNITAR - l'Institut des Nations Unies pour la Formation et la Recherche. Dans le dernier rapport de l'UNOSAT, certains lieux comme des toilettes publiques ou le bord d'une route étaient reportés détruits, et d'autres sites avaient été listés comme possiblement détruits ou endommagés. Nous avons fait le choix, pour une question de lisibilité, de garder les principaux lieux symboliques et historiques.

 

De cette cartographie, quelques chiffres sont à retenir. D'abord : seulement 13 de ces 65 monuments sont inscrits sur la Liste du patrimoine mondial de l'UNESCO ainsi que sur la Liste du patrimoine mondial en péril. Ils y sont inscrits au nom d'une région ou d'une ville : la Citadelle d'Alep pour l'Ancienne ville d'Alep, le Théâtre antique de Bosra pour la ville de Bosra, etc. Les 52 autres monuments ne sont pas dans les zones géographiques inscrites à l'UNESCO - ils n'ont pas ce caractère "universel", condition sine qua non à l'inscription sur ces listes. 

 

Pour 57 % d'entre eux, la cause des dommages est indéfinie : l'usure du temps, les aléas de la natures, mais aussi la présence des humains qui prennent, cassent, emportent ce qu'ils souhaitent. Seulement 25 % ont été détruits lors de bombardements, et 4 % d'autres ont été détruits par d'autres moyens, des tirs, des incendies, des motifs non répertoriés. Les 9 % restants ont subi des pillages, par les habitants des environs, les opposants au régime syrien, les rebelles kurdes ou les membres de l'Etats islamique (Daesh se finance en partie par la revente d'objets de contrebande.)

 

Actuellement, aucun d'entre eux ne reçoit d'aide de la part de l'UNESCO ou des institutions de défense du patrimoine. Pendant le conflit armé, impossible d'aller sur le terrain, nous confiait Youmna Tabet, une responsable du Centre du patrimoine mondial de l'UNESCO. Récemment, un civil syrien a essayé de faire un état des lieux dans un monument contrôlé par Daesh : il y a laissé la vie.

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